Signes des temps
Qu’ont en commun Johann Wolfgang von Goethe, Michel Butor et certaines poétesses contemporaines du Moyen-Orient ? Une extraordinaire capacité à sublimer la mélancolie. Signes des temps évoque avec nostalgie les femmes, le Moyen-Orient, l’exil et la condition humaine, grâce à la richesse du qanûn accompagnant le chœur, une viole de gambe et un dispositif électroacoustique.
Signes des temps vu par :
Marie Cousin
Ethnomusicologue
Signes des Temps, itinéraire musical et poétique est un programme onirique tripartite – exils, souvenirs des sens, impossible retours – interprété par un ensemble rare et hors-normes : neuf voix de femmes et trois contre-ténors, une cithare iranienne qanûn, une basse de viole et un dispositif électronique, lesquels se déploieront autour de la lecture de poèmes orientaux questionnant la vacuité de l’être et l’impermanence du monde.
Aux côtés d’œuvres orientalistes, comme les Hymnes choraux du Rig Veda, Op. 26, composés par Gustav Holst, qui célèbrent la rencontre du compositeur avec les écrits sanscrits fondateurs des religions et philosophies indiennes du XVe siècle avant notre ère, les œuvres de poètes et poétesse kurdes, berbères, syriennes habilleront l’ouvrage musical. Les lieder de Brahms (Op. 44 et 113), invoquant les dieux antiques Eros et Morphée ainsi que l’orient des champs de pavot, ou encore les forces de la nature et de la Nuit, se juxtaposeront aux déesses et dieux de l’Aube, de la Lumière et de l’Eau célébrés par Holst. L’œuvre d’Alexandre Levy met en lumière le collectif et l’individuel : huit femmes réelles auxquelles répond un chœur onirique acousmatique, explorant le rythme, timbre, son, souffle et la respiration. Les compositions d’Alexandre Lévy, de Malika Kishino et de Fabrice Boulanger cèleront l’écrin musical enveloppé par des instants de remémorations poétiques, nous portant dans une lévitation à travers l’espace et l’immensité des déserts, des villes et des ruines antiques, mais aussi un voyage temporel, une diffraction du temps évoquant par mille éclats le souvenir et le rêve, telle une quête de vision nourrie par la musique des vers – flûte soufie ney, mandoline, ou tambours davul, révélant la solitude et le chaos, que seuls les instants précieux de l’enfance peuvent combler.
Exil. Cette première partie du programme explore le contexte de la guerre, des tensions, des ruines, de la destruction. Le monde défait, il ne reste que le départ, le voyage. Dans la tradition hindouiste, Shiva, dieu de la Trimūrti, aux côtés de Vishnu (la préservation) et de Brahmâ (la création), est le dieu de la destruction qui ébranle les mondes, mais mènera à la renaissance (Brahmâ).
Souvenirs des Sens. Le souvenir est un présent. Dans la musique et dans la poésie : l’eau, le vent, la danse, la flûte soufie ney… Celle-ci symbolise l’esprit séparé de sa divine origine, en quête de sa réunion, ainsi que l’être humain comme symbole d’absolu. Le souffle qui la traverse est la manifestation de l’énergie divine de l’univers.
En coproduction avec Akousthea et les Détours de Babel Avec le soutien de Grame, centre national de création musicale
Partie 1 : Exils
TEXTE Une brise souffle de Nazand Begikhani et Dilawar Qaradaghi
Johannes Brahms (1833-1897) Göttlicher Morpheus opus 113
Alexandre Levy L’aurore sur Bagdad
TEXTE Voyageuse sans viatique de Fatéma Chahid-Madani
Gustav Holst (1874-1934) Hymn to the dawn
TEXTE J’ai même vu d’augustes ruines de Fatéma Chahid-Madani
Gustav Holst Hymn to Vega
Alexandre Levy En attendant l’accalmie
Partie 2 : Souvenirs des sens
Intermède
Malika Kishino (1971) Dialogue invisible
TEXTE Danse de Esra Aykin
Gustav Holst Hymn to the waters
TEXTE Mélopée du ney de Esra Aykin
Partie 3 : Impossibles retours
Fabrice Boulanger Comment casser le vide (Texte de Sofiane Bensid)
TEXTE Que portent les sept branches cosmiques ? de Aïcha Arnaout
Alexandre Levy Le crépuscule sur Bagdad
Johannes Brahms Märznacht op. 44
Johannes Brahms Op. 113 n° 13 (Texte de Ruckert)
Spirito Sopranos Myriam Lacroix-Amy, Jeanne Bernier, Lucie Minaudier, Magali Perol-Dumora, Maéva Depollier | Altos Isabelle Deproit, Caroline Gesret, Célia Heulle, Chantal Villien | Contre-ténors Christophe Baska, Sylvain Manet, Nicolas Kuntzelmann
Nidhal Jaoua Qanûn
Alexandre Levy Compositeur, arrangeur, mise en musique des textes
Nolwenn Le Guern Basse de viole
Max Bruckert RIM-Dispositif électronique
Nicole Corti Direction